J’y vais… mais j’ai peur
Petite pause bien méritée dans un café ! Mon endroit préféré pour m’isoler, écrire, tout en observant le monde autour de moi.
Je laisse mon regard se perdre au-delà de la baie vitrée. Il pleut. Certains courent pour ne pas se faire mouiller quand d’autres s’amusent de cette météo.
C’est l’automne… (Oui, je sais bien que ce n’est pas un scoop !)
J’aime l’automne ! Les couleurs, la météo changeante, les bottes de pluie… C’est une saison qui m’apaise. C’est ma saison doudou. Celle des moments lecture cosy et caffe latte dans le canapé, blottie dans mon plaid rose, à regarder les arbres se délester de leurs feuilles.
Vous commencez à vous demander où je veux en venir. Vous vous dîtes : elle est sympa (merci !), mais c’est une saison qui revient tous les ans à la même époque, il n’y a pas de quoi en faire toute une histoire.
Je suis d’accord avec vous, seulement, tous les ans à cette même époque, l’automne arrive plus ou moins égal à lui-même (si on met de côté le réchauffement climatique qui va tous nous tuer …), mais qu’en est-il de nous ? Sommes-nous plus ou moins égaux à nous-mêmes ? Ça y est, vous me suivez ? Toujours pas ? Je m’explique !
Moi, c’est à l’automne que j’aime faire un arrêt sur image dans ma vie, regarder en arrière et apprécier le chemin parcouru, qu’il était facile ou semé d’embûches.
C’est parti ! Je vous embarque avec moi dans ma rétrospective ! (Vous êtes flattés, n’est-ce pas ?)
Il est 15 h 13 et il y a un an à 15 h 13, j’enseignais dans une école, à Vevey. Mes élèves étaient en train de ranger la classe et leurs affaires, prêts à partir en courant dès la sonnerie un quart d’heure plus tard.
Et je ne savais pas encore que ma vie allait changer à ce point. Je me revois traîner un peu les pieds dans un travail qui, même si je l’adorais, m’épanouissait de moins en moins.
Avec mon conjoint, nous avions des rêves, des envies. Mais, comme pour beaucoup de gens, ils restaient à l’état de rêves.
Et puis, à force de parler, de rêver, de visualiser, d’être sur la même longueur d’onde, de se comprendre et de vouloir aider l’autre à prendre confiance, à donner le meilleur de lui-même, à toujours se soutenir, on a sauté dans le vide.
Car oui, j’ai tout quitté. (enfin, seulement mon job… n’exagérons pas, j’ai quand même gardé ma fille, mon compagnon, mon appart et mon chat)
Nous voilà entrepreneurs ! Nous avons créé notre société. Vous la voyez la fierté dans mes yeux là ?
Bon, d’accord, tout n’est pas parfait. En même temps, c’est ce qui rend la vie belle ; cette imperfection qui nous oblige à nous adapter, à revoir nos stratégies, à nous concentrer pour savoir ce dont on a réellement envie ou non, à apprendre à nous connaître.
Bref, je m’égare. Je disais donc que tout n’était pas rose dans ma reconversion professionnelle.
Je ne compte pas mes heures, je fais des erreurs, je tâtonne dans des démarches administratives que je ne maîtrise pas du tout, je dois revoir mon organisation sportive, car ma routine d’avant convenait parfaitement à mes horaires bien réguliers, alors que, désormais mes journées sont chaque fois différentes et surtout je dois faire face à ma phobie sociale*.
Mais…
J’ai la chance de travailler dans un domaine qui me passionne et m’épanouit, j’organise des événements, je développe ma passion pour les mots, je rencontre des tas de gens passionnants (oui, malgré ma phobie sociale…), je découvre des spécialités que je ne pensais jamais côtoyer un jour, j’ai divers lieux de travail (entre bureau et travail de terrain), je ne m’ennuie jamais, je gère mes horaires et ma créativité bouillonne.
Je ne pensais donc pas il y a un an que je serais là où je suis aujourd’hui. Nous avons longuement hésité. Il y a eu des heures et des heures de « et si », de « pourquoi pas » et de « oui, mais ».
Alors, comme il n’y a jamais de bons moments finalement, quand on a eu le sentiment que toutes les étoiles s’étaient alignées, que les fées du royaume du courage avaient épuisé leur stock de paillettes sur nos têtes et qu’elles nous criaient de foncer, on a fini par comprendre le message et on y est allé.
« J’y vais, mais j’ai peur. » (j’espère que vous avez la réf que je me sente moins seule !!!)
On a eu peur, on a toujours un peu peur, mais ce qui nous porte, c’est de nous dire que, même si cela ne marche pas, on aura essayé, et les regrets ne viendront pas nous chatouiller les pieds pendant la nuit.
Alors aujourd’hui, en regardant la pluie tomber derrière la vitre, je me dis que l’automne n’est pas seulement une saison : c’est un rappel. Celui qu’on peut, nous aussi, laisser tomber ce qui nous encombre pour faire place au renouveau.
Bref, je bois mon latte, j’observe les passants courir sous la pluie et je souris. Parce que cette année, je n’ai pas seulement changé de saison… j’ai changé de vie. Et ça, croyez-moi, ça réchauffe bien plus qu’un plaid rose !
* définition de la phobie sociale selon mon expérience : tremblements, sueurs froides, bégaiements, démarche maladroite, expression orale composée principalement d’onomatopées et baisse importante de l’intelligence, mettant à zéro la capacité de réflexion ; en gros, le cerveau se transforme en légumes mixés baignant dans un liquide non identifié.